Hausse des budgets de l’OQLF: Un (autre) pas dans la bonne direction
Sherbrooke, le mardi 22 septembre 2020 – La Société nationale de l’Estrie (SNE) reçoit positivement l’annonce faite du ministre de la Justice et ministre responsable de la langue française, M. Jolin-Barrette, concernant l’augmentation substantielle du budget octroyé à l’Office québécois de la langue française (OQLF). Cette annonce a cependant un revers: elle fait monter les attentes envers ce ministre ayant promis cet automne une nouvelle loi 101.
Ainsi, les responsables de la SNE ne peuvent que se réjouir de la volonté du gouvernement québécois de redonner à l’OQLF les moyens de ses ambitions en lui octroyant des ressources financières costaudes, considérées comme essentielles afin de permettre à l’organisme d’assumer une mission dont les défis sont de plus en plus importants. En effet, tous les indicateurs montrent un recul constant de la langue française dans plusieurs aspects de notre vie en société, tels que la langue au travail ou langue d’affichage. L’ouverture de bureaux régionaux à Laval, Longueuil et Drummondville, une première depuis les années ‘80, puis la création de cinquante (50) nouveaux postes dédiés à l’inspection de même qu’à l’accompagnement des entreprises, qu’elles soient de petites et moyennes entreprises (PME) ou encore de grandes entreprises, est un geste concret pour contribuer à l’inversion de l’inquiétante évolution linguistique au Québec au cours des dernières années.
Cependant, si une telle annonce est évidemment positive et se démarque de l’indifférence de l’État québécois envers la langue française lorsque ce dernier fut dirigé par le Parti libéral du Québec entre 2003 et 2018 (sauf un intermède péquiste de 19 mois) face au sort de la langue française, elle ne s’avérera véritablement efficace qu’avec un renforcement réel de la Charte de la langue française, ou Loi 101. Car la Loi 101 n’est aujourd’hui plus que l’ombre d’elle-même, charcutée par les tribunaux canadiens depuis son adoption, cela sans compter l’effet de dépérissement de la Charte face à l’apparition de technologies comme l’Internet, qui n’existaient pas lors de son adoption en 1977.
« Maintenant que l’OQLF possède à nouveau les moyens pour agir efficacement à titre de gardien de la langue française au Québec, il reste au gouvernement caquiste à lui offrir une Loi 101 qui se veut « offensive » et ambitieuse. Par exemple, la nouvelle Loi 101 doit instaurer les dispositions législatives nécessaires afin de refaire du français la véritable langue officielle du Québec, ce qui n’est plus le cas depuis de nombreuses années. De même, le ministre Jolin-Barrette aura fort à faire pour parvenir à ses fins, alors que le Québec étant toujours membre de la fédération canadienne, ses ambitions pourraient notamment se heurter au refus d’Ottawa d’assujettir à la Loi 101 les entreprises fédérales présentes en sol québécois. Bref, beaucoup de travail reste à faire » de lancer le président de la SNE, M. Etienne-Alexis Boucher.
SOURCE:Etienne-Alexis Boucher, Président, SNE